dimanche 15 mai 2011

La communauté de l'anneau de J.R.R Tolkien.

Si l'on veut entrer dans le monde de Tolkien, il faut entrer par la petite porte, et commencer par Bilbo. Déjà, parce que ce livre est le prélude à ce qu'est la saga du seigneur des anneaux, mais aussi, parce qu'il est le plus simple à comprendre.

Ici, on entre dans quelque chose de plus difficile. Que l'on ne se trompe pas sur mes propos, j'ai adoré ce livre, comme je l'avais adoré il y a quelques années. Néanmoins, la lecture est difficile. Il y a des livres que l'on se doit de prendre, puis de poser, d'oublier un peu quelques heures, et de reprendre. Pour comparer ça à de la cuisine, ce livre doit lever, se reposer, être pris et repris. Un peu comme quand on confectionne des croissants. Un travail en plusieurs étapes.
Aussi, me suis-je souvent arrêtée dans ma lecture de ce tome. Pour respirer, pour prendre le temps d'assimiler un peu. Le style de Tolkien est dense, foisonnant, les descriptions sont précises et abondantes, les personnages nombreux, et parfois ils ne font leur apparition qu'une fraction de seconde, et repartent aussi vite qu'ils sont venus. Ce premier tome, est la base de l'histoire. Là où les fondations sont posées. On y retrouve les hobbits, et une explication de leurs coutumes, et ce cher Bilbo, qui va fêter son anniversaire, et prend un repos mérité, en disparaissant de sa chère Comté. Il laisse à Frodon, son héritier et neveu, un bien lourd fardeau. L'anneau unique, recherché par Sauron, le seigneur maléfique, qui a envoyé neuf spectres à sa poursuite. Mais dans cette folle aventure qui commence, Frodon n'est pas seul, et si l'espoir de réussite est infime, il est néanmoins présent.

Si l'aventure est bien plus sombre que celle de Bilbo, il y a quelques petites notes lumineuses dans ce premier volume. Les poèmes et les chants, nombreux, les descriptions de splendeurs elfiques, l'apparition de Tom Bombadil, et la sensation d'être au début d'une grande aventure.

Certains vous diront que Tolkien n'a fait que reprendre certaines légendes nordiques, d'autres que son style est lourd et ennuyeux. Ce n'est pas ce que j'en retiens. S'il reprend des thèmes déjà existants, Tolkien les transcende, leur donne leurs armes de noblesse, les fait vibrer et resplendir, tout autour de ses langues qu'il a créé pendant toute une vie. Il est peintre, conteur et magicien des mots. Alors, certes, la lecture n'est pas facile, mais parfois, pour lire, il faut s'armer d'une patience qui sera récompensée à sa juste valeur, quand on posera le tome fini, les yeux pleins d'étoiles, et que l'on ne rêvera que d'une chose, de partir là bas, dans la terre du milieu, et de participer à une grande aventure.

Et je vous laisse avec la légende de Tinuviel, contée par Aragorn. ( Grand Pas, le rôdeur, l'héritier d'Isildur, mon petit préféré !)

Les feuilles étaient longues, l'herbe était verte,
Les ombelles de ciguë hautes et belles.
Et dans la clairière se voyait une lumière
D'étoiles dans l'ombre scintillant.
Là, dansait Tinuviel
Sur la musique d'un pipeau invisible,
Et la lumière des étoiles était dans ses cheveux,
Et dans ses vêtements miroitants.

Là, vint Beren des montagnes froides
Et, perdu, il erra sous les feuilles,
Et où roulait la Rivière des Elfes
Il marchait seul et affligé.
Il regarda au travers des feuilles de ciguë
Et vit, étonné, des fleurs d'or
Sur la mante et les manches de la vierge,
Et ses cheveux comme une ombre suivant.

L'enchantement ranima ses pieds las,
Sur les collines condamnés à errer ;
Il poussa en avant, fort et leste,
Voulant atteindre les rayons de lune étincelants.
Par le lacis des bois du Pays des Elfes
Elle s'enfuit, légère, sur ses pieds dansants
Et le laissa, solitaire, errer encore,
Dans la forêt silencieuse écoutant.

Il entendit là souvent le son flottant
De pieds aussi légers que la feuille de tilleul,
Ou la musique sourdre sous terre,
Dans les creux cachés trillant.
A présent flétries gisaient les feuilles de ciguë,
Et une à une avec un soupir
Tombaient, susurrantes, les feuilles de hêtre
Dans le bois hivernal agitées.

Il la cherchait toujours, errant au loin
Où les feuilles des années formaient un tapis épais,
A la lumière de la lune et au rayonnement des étoiles
Dans les cieux glacés frissonnant.
La mante de la vierge miroitait sous la lune
Comme sur un sommet élevé et lointain
Elle dansait, et à ses pieds était étendue
Une brume d'argent frémissant.

Quand l'hiver fut passé, elle revint,
Et son chant libéra le soudain printemps,
Comme l'alouette qui s'élève et la pluie qui tombe
Et l'eau fondante qui murmure.
Il vit les fleurs elfiques jaillir
A ses pieds, et de nouveau réconforté
Il brûla de danser et de chanter auprès d'elle
Sur l'herbe paisible.

De nouveau, elle s'enfuit, mais vivement il vint.
Tinuviel ! Tinuviel !
Il l'appela par son nom elfique,
Et alors elle s'arrêta, écoutant.
Un moment elle se tint là,
Et sa voix exerça un charme sur elle :
Beren vint, et le destin tomba sur Tinuviel
Qui dans ses bras s'abandonna, scintillante.

Comme Beren regardait dans les yeux de la vierge
Parmi les ombres de ses cheveux,
Il vit là scintiller comme en un miroir
La lumière tremblante des étoiles aux cieux.
La belle Tinuviel,
L'immortelle vierge à la sagesse elfique,
Sur lui répandit ses cheveux ombreux
Et l'enserra de ses bras semblables à l'argent miroitant

Longue fut la route que le destin leur traça,
Par-dessus les montagnes rocheuses, froides et grises,
Par des salles de fer et des portes obscures,
Et des forêts de nuit sans lendemain.
Les mers séparatrices entre eux s'étendirent,
Et pourtant enfin ils se retrouvèrent une fois de plus
Et, il y a longtemps, ils disparurent
Dans la forêt, chantant sans tristesse.

4 commentaires:

  1. Contente que ton billet soit revenu :)
    Et je suis d'accord avec toi, il faut mieux commencer par Bilbo, qui aide à se mettre en train avant. Il faudrait que je relise la trilogie pour faire plus attention aux détails, la première fois on est trop pris par l'histoire pour s'y arrêter.

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  2. J'ai prévu de relire Bilbo et le seigneur des anneaux, sous peu... J'aime tellement la plume de Tolkien, qui pour moi est un vrai génie.

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  3. J'avais adoré la trilogie du seigneur des anneaux. Par contre, je me rappelle ne pas avoir accroché du tout à Bilbo. Il faut dire que c'était une lecture imposée au collège. Faudrait peut-être que je le retente...

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  4. Aymeline : C'est vrai que l'avantage de connaître l'histoire c'est qu'on prend le temps !

    Malo : Je suis d'accord avec toi, c'est un génie !

    Belle de nuit : Tu devrais essayer oui, peut être que maintenant tu aimerais ! Les lectures imposées dégoûtent parfois des livres.

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