lundi 13 juin 2011

Rendez vous avec un mot : Poursuite

Aujourd'hui, on aura affaire à un homme désabusé, mais pas tant que ça...
J'ai eu du monde ce week end, donc pas vraiment beaucoup de temps pour remanier, façonner et travailler ce petit texte, mais je joue le jeu et vous le livre quand même. 



« Poursuivre un rêve.  Quelle drôle d'idée quand on y pense. Je veux dire, un rêve, ça n'a rien de tangible si? C'est quelque chose d'éthéré et d'irréel, aussi flou qu'un peu d'aquarelle diluée dans un grand verre d'eau.
Alors pourquoi s'obstine t-on? Pourquoi encore et encore, continuer?
Nourrir des chimères, croire pour ne pas s'arrêter de vivre. Bâtir des châteaux en Espagne. »
Il s'arrêta d'écrire. Avait-il le droit d'être aussi pessimiste? Quand avait-il commencé à s'engager dans ce renoncement à l'espoir? Et surtout, depuis quand se mettait-il à le regretter?
La réponse à la deuxième question était simple. Depuis qu'il l'avait rencontrée.

Tout avait commencé quand il avait accepté de participer à la location d'une immense bâtisse, quelque part dans une campagne perdue, pour tout un été. C'était son ami d'enfance qui l'avait convaincu de venir s'enterrer là.
« Tu as besoin d'un peu de compagnie » Lui avait-il dit.
Il n'en était pas convaincu. Certes, il se remettait difficilement de la perte de son emploi, malgré une prime conséquente de licenciement, et malgré la place qui l'attendait déjà, à la rentrée, dans une autre entreprise. Il avait l'impression d'avoir perdu une partie de lui même avec cet échec. En même temps, sa petite amie l'avait quitté, jugeant l'investissement pas si prometteur que ça. Elle l'avait rappelé quand elle avait appris qu'il avait retrouvé un travail, mais il n'était pas si naïf.

Il avait l'impression qu'on lui avait ôté quelque chose. Comme si tout ce à quoi il aspirait, tous les rêves qu'il poursuivait jusque lors lui avaient été révélés comme stupides et inutiles.

Alors, il s'était retrouvé dans ce château silencieux, arrivé avant tout le monde. Il avait passé trois jours solitaires, avant qu'elle se joigne à lui.
Elle, c'était Louise. Une fille fantasque, au style désuet, qu'il avait trouvé un beau matin allongée sous un arbre, ses longs cheveux blonds étalés sur l'herbe verte et mouillée de rosée. Ses yeux gris étaient grands ouverts et elle contemplait le ciel comme s'il y avait là un chef d'œuvre à voir.
Il avait toussoté, et elle s'était relevée, dans un mouvement lent et ample, presque comme si elle dansait. Il y avait une grâce qui s' émanait d'elle de manière indéfinissable. Il ne savait plus très bien de quoi ils avaient parlé. Il se souvenait surtout que c'était elle la plus bavarde, et qu'il lui avait semblé que pour elle la vie était un long rêve éveillé.
Elle portait sur tout un regard d'amoureuse béate, tellement qu'il avait parfois envie de la secouer. Quand d'autres les avaient rejoint, il avait posé des questions sur la vie de cette fille, qu'il imaginait privilégiée. Une personne meurtrie ne pouvait avoir un regard si naïf.
Son meilleur ami l'avait alors affectueusement traité de vieux con. Louise n'avait pas eu une vie très rose. Malgré son jeune âge, elle avait été mariée, à un homme violent, et avait failli mourir.

Ils avaient finalement beaucoup parlé Louise et lui. Elle lui avait expliqué, que rêver était pour elle une poursuite. Elle courait après la vie, espérant un jour attraper des jours calmes et sereins.

A la fin des vacances, il avait décidé lui aussi, de courir après son rêve. Et son rêve avait l'apparence d'une femme blonde aux yeux couleurs de nuages fâchés."


La semaine prochaine nous aurons rendez vous avec le mot "lit". Je ne sais pas s'il nous fera voyager vers le pays des songes ou vivre des aventures torrides, mais qu'il soit un matelas posé à même le sol, ou à baldaquin, nous irons au lit :)

5 commentaires:

  1. Super texte et j'aime certaines images de tes mots (nuages fâché).
    Désolée Eiluned, je ne t'accompagne pas encore cette semaine, cela fait trop pour moi (toujours 3 textes en retard sur mes engagements avec d'autres personnes). Bises

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  2. Mais c'est intéressant, ça ! Un mot comme thème, pour un texte à rendre le lundi ?
    Je reviendrai ! (^.^)

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  3. Syl : Merci beaucoup :) Ce n'est pas grave, je continue de toute façon parce que je m'amuse, donc pourquoi pas dans une, deux, trois ou dix semaines ! Quand tu auras plus de temps !

    Olivia : C'est ça oui ! Un texte a publier le lundi sur son blog personnel, ou ici, pourquoi pas, si les gens n'ont pas de blog !

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  4. Je suis désolée de n'avoir pas pu participer cette semaine, mais je vais faire mon possible pour lundi prochain ma semaine sera plus calme ;)
    J'aime beaucoup ton texte, poursuivre un rêve est une très bonne idée, les yeux couleurs nuages fâchés sont une belle image :)

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  5. Aymeline : Pas grave :) Et merci du compliment ^^

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