samedi 19 février 2011
L'écriture ou la vie de Jorge Semprun.
J'ai longtemps repoussé le moment de lire ce livre, qui m'attirait et me repoussait à la fois. La période de la seconde guerre mondiale a le même effet sur moi. Je pense qu'il est nécessaire de se souvenir, de ne pas céder à la facilité de l'oubli, mais il est si terrible de savoir que l'homme peut être capable de tout, que ça me glace.
Mais finalement, j'ai cédé, et je ne le regrette pas.
Récit autobiographique, décousu et anarchique, mélangeant plusieurs phases de la vie de l'auteur, L'écriture ou la vie est un ouvrage qui sonne comme un cri.
Comment survivre à l'impensable? Comment lutter, alors qu'on se sent profondément vivant l'espace d'un instant, devant les regards plein de pitié d'hommes venus vous délivrer. Comment revivre alors qu'on a vécu une sorte d'expérience mortelle? Comment écrire là dessus? Comment ne pas sombrer?
On sent l'auteur profondément perdu, partagé entre le désir d'oublier, et celui de témoigner. Ne sachant pas comment mettre des mots, alors que là même est sa raison profonde d'être, sur une histoire.
Alors, on a ce récit. On passe d'anecdotes sur les derniers jours de la vie au camp Buchenwald, à des anecdotes d'avant guerre, quand l'auteur était étudiant en Philosophie, puis à l'après guerre, à la fuite en avant, et surtout, à ce qui prend une place immense dans la vie de Jorge Semprùn, la littérature. L'évocation de Goethe, quand il se rend à Weimar, (où Goethe a séjourné) avec le lieutenant Rosenfeld, allemand naturalisé américain, qui a combattu contre son propre peuple et contre le nazisme, les citations de poème, ou quand la poésie est un cri de souffrance, et l'apparition des écrivains qui ont marqué Semprùn.
Il ressort de tout ça un personnage blessé, fragile, mais vivant. Au final, même si il témoigne peu de sa vie à Buchenwald, on ressent le spectre de sa souffrance dans tout le livre. Même s'il n'évoque que rarement des morts, même si seules les cheminées fumantes rappellent l'extermination avec l'absence des oiseaux, ce témoignage reste poignant. C'est un récit vrai. Littéraire aussi, parce que l'on sent que l'auteur exsude l'écriture par tous les pores de sa peau. Mais un récit essentiel.
En tout cas, il restera marquant pour moi.
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très bel article tu donnes envie de le lire :)
RépondreSupprimerJe pense la même chose que toi : pendant longtemps je n'ai rien lu sur cette période, vraiment inhumaine... mais maintenant, je lis un livre de temps en temps... J'ai dailleurs récemment vu le pianiste.
RépondreSupprimerun auteur que je lirai certainement
Un texte indispensable...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup les ouvrages ayant trait aux deux guerres, qui ont bouleversé le monde. Même si ce sont des sujets difficiles, je me fais un devoir de lire et de me souvenir. Je n'ai pas encore lu l'ouvrage dont tu nous parles, mais cela ne saurait tarder !
RépondreSupprimerAymeline : Chouette, j'espère que tu le feras du coup ^^
RépondreSupprimerMaggie: Je te le conseille vraiment !
Irrégulière : Je suis tout à fait d'accord.
Malo: Je pense que c'est un ouvrage à lire, surtout si tu aime ce genre là.
Ce livre m'a marquée. Jorge Semprun est un grand écrivain. Lis aussi Quel beau dimanche! ou Le grand voyage.
RépondreSupprimerescusez moi mais pour ceux qui ont lu ce livre j'ai travaille portant dessus et l'on me demande " de montrer la construction complexe et apparemment désorganisée d'un chapitre en résumant les faits abordés" mais ayant eu un problème je n'ai pas eu le temps de le lire je me demandais si quelqu'un saurait y répondre ?? (jaurai besoin d'une réponse au plus vite merci d'avance)
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