lundi 30 mai 2011

Rendez vous avec un mot : Première semaine, une île.

Premier rendez vous donc cette semaine, autour d'une île.
J'ai tiré de ce mot un texte dont je suis à moitié satisfaite, je n'étais pas des masses inspiré sur ce coup là ! Mais l'exercice est plaisant et m'obliger à écrire me fait le plus grand bien.


Passer ses vacances sur un morceau de terre isolée, c’était bien sûr une idée tout à fait dans la lignée de son dégoût certain des gens. Partir très loin de son train train quotidien, avec une malle pleine de livres, quelques vêtements, un chapeau de paille, et un flacon de crème solaire. L’essentiel d’un été réussi. C’est du moins ce qu’elle s’était dit en préparant minutieusement ce périple estival. Elle aurait vendu son âme pour un peu calme. Oublier un travail qu’elle n’aimait pas, oublier la chanson de sa famille lui reprochant de ne pas être casée, oublier les tentatives de ses amies de jouer les entremetteuses. Elle voulait respirer la solitude, s’en emplir, être dans un calme de cathédrale et se retrouver. L’enfer, c’est les autres. C’était sa citation préférée. Elle se la répétait tel un laïus salvateur, trouvant un peu de réconfort en mettant les mots d’autrui sur sa douleur.
Elle avait embarqué à l’aube, dans un port comme il en existe tant, et avait joui du peu de passagers que contenait le bateau. Son périple tenait ses promesses. Elle avait commencé à lire, et assise dans un coin de l’embarcation, ne se souciait plus de rien. Et puis elle avait entendu les murmures enchantés du peu de passagers qui n’avaient pas le mal de mer.
Elle avait relevé les yeux et il lui avait semblé que son cœur s’arrêtait un instant. Peut-on tomber amoureux d’une île ? Elle était là, foisonnante de végétation et de verdure, avec des plages vierges de tout occupants. Ses reliefs étaient escarpés, abrupts et désolés, comme des repoussoirs à toute trace de civilisation. Elle avait l’air d’une forteresse cette île, du genre qu’on ne conquiert qu’après un rude combat.
 Quelques barques occupaient le port, et de rares marchands vendaient leurs poissons à la criée.  Une brise marine faisait voleter ses cheveux. Débarquant du bateau, elle remarqua l’absence de magasins. Seule une petite épicerie à la façade délabrée donnait un signe de ravitaillement possible.
C’était parfait. Il ne lui restait plus qu’à récupérer les clés de la petite maison qu’elle avait louée, et le calme et la solitude seraient à elle. Elle trouva très facilement son loueur, l’île n’ayant pas plus de quelques rues. Il habitait une maison très bien entretenue, ce qui laissait présager de bonnes choses quant à son futur havre de paix.
Elle s’attendait à tomber sur un vieux couple de retraités, ou une petite mamie tranquille, profitant des vacances d’été pour mettre un peu de beurre dans les épinards, mais, comme souvent quand elle faisait des suppositions, ce ne fut pas le cas.
"Entrez !" Fit une voix de baryton après qu’elle eut frappé avec entrain la porte. Elle hésita un instant, avant d’obtempérer.
Mal lui en pris, une boulette de papier vint l’atteindre au front. D’abord étonnée, puis agacée, elle s’écarta un peu du seuil de la porte.
"C’est une façon habituelle d’accueillir les gens ici ?" Demanda t-elle d’une voix acide.
Il y eut un raclement de chaise, et un homme assez grand apparut enfin. Il arborait un sourire un peu canaille, et ses yeux bruns luisaient de malice. Ses mains étaient maculées d’encre, et un stylo plume reposait sur son oreille.
 "Désolé. Je visais le chat. Il la contempla un bref instant. Vous êtes ma locataire ? J’imaginais quelqu’un de plus vieux. Le ton de vos emails était très formel."
" Et parce que je suis jeune je devrais parler mal ? Faire des fautes d’orthographe  et jurer comme un charretier ?"
L’homme toussota.
" J’attrape les clés et je vous amène chez vous. Vous devez être fatiguée. J’espère au moins que vous n’avez pas été malade pendant le voyage."
"Non. Mais ne vous sentez pas obligé de faire la conversation. Je viens ici pour être seule, et avoir la paix."
Ils quittèrent rapidement les rues de l’île pour marcher le long de la plage. Le soleil se couchait, marbrant le ciel de rose et de pourpre, en une palette de couleurs que n’aurait par renié un aquarelliste. La petite maison à laquelle il la conduisit était charmante. Peinte en blanc, avec un petit porche aux balustres un peu rongées par le sable. Près de la porte un vieux rocking chair  se balançait au gré du vent. D’emblée, elle se sentit chez elle.
" Voila les clés.  Si vous avez le moindre problème, passez me voir. Lui dit le lanceur de boulettes de papier après qu’ils eurent fait le tour, rapide, de la location. Venez diner ce soir à la maison, vous ne trouverez pas de restaurants ici, et l’épicerie est déjà fermée. Je ne peux décemment pas vous faire mourir de faim. Au fait, mon nom est Thomas. Thomas Duclos."
"Je sais. Dit-elle d’un ton sec. Votre nom apparaît quand vous envoyez des mails."
" Tout comme je sais que le vôtre est Margaret Phelps. Mais généralement quand on est civilisé… Enfin bref. Je vous attends à 21h."
Il sortit sans lui laisser le temps de refuser.
Posant ses affaires dans le salon, Margaret remarqua la brochure qui trônait sur la table. En le parcourant, elle tomba sur une phrase qui lui arracha un sourire ironique. « Une île pleine de surprises, où on trouve des choses auxquelles on ne s’attendait pas ».
"Vraiment ? Fit-elle à voix basse. Et puis pourquoi pas ?"
Ce soir là, elle choisit sa plus belle robe, et laissa faire le destin.



Le thème de la semaine prochaine est "univers parallèle" (toujours tiré au hasard sur wiki)


Aymeline a participé, vous pouvez voir son texte ici. Sa participation me fait d'autant plus plaisir que je sais qu'elle a fort à faire en ce moment. Syl aussi, avec une chanson et des photos, ici , et l'effort me touche beaucoup.

Si vous participez, même un peu en retard, n'hésitez pas à poster votre lien dans les commentaires, je l'ajouterais !

A la semaine prochaine j'espère !

6 commentaires:

  1. Ton texte me donne une furieuse envie de lire une suite... Pour la semaine prochaine ?
    Quant à moi, je participe très pauvrement à ton idée. J'ai seulement mis des photos et une musique. Voici le lien :
    http://thelecturesetmacarons.over-blog.com/article-c-74546390.html
    Bisous !

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  2. Syl : Merci !! Une suite, je ne crois pas, le thème de la semaine prochaine ne s'y prête pas trop trop, mais une autre fois, pourquoi pas ! Margaret me plait, j'avoue !

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  3. J'espère que Margaret va se dérider un peu ! C'est sûr qu'univers parallèle ne convient pas à une suite. Mais le texte est bien écrit bravo!
    C'est amusant de voir comment le même mot nous as amenés à des histoires complètement différentes !
    Je suis contente de ça te fasse plaisir, je me suis bien amusée aussi c'est l'essentiel :)

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  4. Aymeline : Ravie que tu te sois amusée ! J'espère que tu participera aussi la semaine prochaine ;)

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  5. Pourquoi pas pour le thème univers parallèle!!

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  6. J'ai déjà une petite idée donc ça devrait le faire ;)

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